Le MIJ15 est le dernier-né de notre collection « Made in Japan », où nous allions méthodes ancestrales, teintures japonaises traditionnelles et confection méticuleuse à l'ancienne. Il est confectionné en denim selvedge japonais 15 oz, avec une chaîne teinte à l'indigo naturel de Tokushima et une trame teinte au kakishibu. Chaque composant de ce tissu est le fruit de siècles de savoir-faire, et le résultat est impossible à produire en série.
Le kakishibu est fabriqué par fermentation du jus de kakis astringents (dai-dai) verts. Les tanins du fruit s'oxydent avec le temps, produisant une teinture dont la teinte varie de l'orange doré au brun foncé. Au Japon, il était utilisé non seulement pour les textiles, mais aussi pour imperméabiliser le bois, préserver les filets de pêche, renforcer le papier washi et même comme insectifuge. Les armures de samouraï étaient parfois laquées avec du kakishibu pour sa durabilité et sa couleur.
Dans le textile, le kakishibu était souvent associé aux vêtements de travail et de tous les jours. Abordable, résistant, il se délavait magnifiquement. Pour le MIJ15, les fils de trame sont teints au kakishibu avant le tissage. Le résultat est une teinte chaude et terreuse qui se situe juste sous la surface indigo, créant une subtile nuance brun-orange qui s'accentue à mesure que le jean se délave.
La teinture à l'indigo à Tokushima remonte à plus de 800 ans, et la région est devenue célèbre à l'époque d'Edo pour sa production d'Awa Ai, un indigo naturel de haute qualité fermenté selon une méthode de compostage exigeante en main-d'œuvre. Le climat de Tokushima, avec ses étés humides et la douceur de ses eaux fluviales, s'est avéré idéal pour la culture du Tade Ai (indigofera), la plante utilisée pour la teinture.
La teinture est transformée en sukumo, une pâte d'indigo fermentée, selon un processus qui prend plus de 100 jours. Le sukumo est mélangé à de la lessive, du saké, du son de blé et des cendres de coquillages pour créer une cuve d'indigo vivante, qui doit être remuée et entretenue quotidiennement. Cette méthode est si importante culturellement qu'elle a été classée Trésor culturel immatériel par le gouvernement japonais.
Dans le MIJ15, les fils de chaîne sont teints à la main dans ces cuves. Ils sont noués en écheveaux, trempés à plusieurs reprises pour obtenir la teinture, puis oxydés entre chaque trempage. Comme les fils sont regroupés, l'exposition à l'air est inégale : certaines parties s'oxydent plus rapidement, d'autres restent plus foncées, créant ainsi des variations naturelles entre les fils, impossibles à imiter avec de l'indigo synthétique ou une teinture à la corde.